19-CROmAn: vacances d'été 2006 en France
Chers ami(e)s astrams, trois agréables semaines de vacances, deux nuits sur trois de bonnes conditions d'observations, vous imaginez que ce CROA ne se limitera pas à quelques phrases...
Voici, si vous le voulez bien, la narration d'une belle moisson céleste.
En route
Entre ce qui est prévu et ce qui se passe, on note souvent - si ce n'est tout-le-temps - une différence notoire. Les aléas, l'inattendu, les maléfices Murphyesques, vous connaissez. Même l'électron baigne dans un nuage d'incertitude.
Dans ces cas, faut faire preuve d'une capacité d'improvisation et avoir la chance de pouvoir compter sur des amis, comme vous le verrez par la suite.
Sans eux, mes vacances astro ne m'auraient pas laissé l'excellent souvenir que j'en ai maintenant.
Première étape: Forcalquier.
Contrairement à l'année passée, les nuits sont plus courtes because fin juillet au lieu d'août mais j'ai un bon Newton dans les bagages: VDT, Victor-Doubinou-Teuillô, un SW 200/1000 monté en dob (j'apprécie cette monture). Biniou (TS 20x90) est de la partie ainsi que Biminiou (Meade 10x50).
Bertje au volant d'une voiture remplie comme la feuille d'impots d'un citoyen honnête, nous voilà partis vers la Haute-Provence.
Voyage depuis Bruxelles sans encombres, accompagné à l'aurore par un croissant sélène et quelques nuages épars, d'un rose évanescant qui présage une belle journée.
Passé Avignon, un seul gros nuage garnissait le ciel, idéalement placé pour masquer le Soleil bas sur l'horizon, évitant ainsi l'aveuglement que connaissent les voyageurs vers le levant.
Forcalquier
Le ciel etait totalement dégagé à l'arrivée, météo beau fixe, alerte canicule même. Installation des tentes (pour Bertje, pour moi et une sur la colline pour le matos) , collimation à l'oeilleton.
Puis "mise en station" des cercles gradués du dob à l'aide d'un niveau à bulle, de quelques cales, du programme Planetarium du Palm, de la position du soleil et l'ombre d'un bâton droit. La précision m'assurerait la localisation palmée des objets, si ce n'est dans l'oculaire, au moins dans le champ du chercheur.
C'était sans compter sur un imprévu , le début de la série.
Au premier changement de piles à l'aide d'un condensateur externe, ça a foiré et tous les programmes de la mémoire vive se sont fait la malle.
Pas d'aide au pointage palmé donc. Heureusement j'avais apporté les cartes m6.5 de Taki ainsi que l'excellente lecture, agrémentée de quelques cartes précises, bouquin de Sue French: Celestial Sampler.
Grand temps de se remplir l'estomac, apéro Pastis, saucisson, pain, frometon, vin, melon puis une bonne sieste préparatrice.
Les nuitées
Mon objectif N°1 cette année était l'exploration de la zone Scorpion, Sagittaire, Verseau et Capricorne que j'ai ratée l'année passée, étant resté scotché à la partie Nord de la Voie lactée et la partie bar de la tonnelle commune (voir CROA concours Mars 2005).
Autre objectif: m'essayer en dessin CP.
J'ai du mal à juger du résultat sur écran: le mien est fort foncé, faudra donc éventuellement régler le contraste et la luminosité de votre moniteur pour en sortir quelque chose.
J'ai scanné des dessins et je les poste en négatif, espérant être plus fidèle à la vue à l'oculaire qu'à mon ex-femme.
Il va de soi que je n'allais pas bouder Persée, Cassiopée et mes belles connues, pouvant enfin les apprécier sous un bon ciel avec un télescope au diamètre plus conséquent et surtout de meilleure qualité optique que le 150/1400 tube court.
Comme il est agréable pouvoir observer en T-Shirt! Un vent doux apporte des volutes de senteurs de thym, de genévrier. Les cygales dorment sur les chênes blancs mais les grillons et sauterelles ont repris le chant de cette généreuse nature.
Les pauses à contempler à l'oeil nu, à l'affut aussi des bruits d'animaux de nuit, furent agrémentées d'une petite clope et d'une gorgée à ma bouteille de survie, remplie d'avance d'eau de source avec une bonne lampée de Pastis.
Etre assis par terre comme ça, terre encore chaude de la journée, tellement chaude que la grande casserole vient vite s'y poser, quelle volupté!
Vous allez me dire que la chaleur résiduelle engendre des turbulences.
Oui, c'est vrai, mais comme je restais à des grossissements raisonnables, le plus souvent avec un Antares W70 de 14mm, cela n'était pas préjudiciable.
Grossissement 71x, champ de presque 1°, c'était parfait.
Il y avait un problème plus grave et qui risque d'empirer dans les années à venir: un halo de pollution lumineuse vers le Sud, due à une ville de Forcalquier de plus en plus touristique. Elle est située à 3-4 km à vol d'hibou. C'est proche, cela bride mes désirs de théière.
Tintin donc pour une vingtaine de degrés au dessus de l'horizon Sud.
Impossible de voir M54, 69 et 70 dans le bas du Sagittaire, niente pour l'Hélix, pas de fantôme de Saturne...
Mais en levant les yeux, que du bonheur de voir ce qui m'est caché durant l'année! Ouh kzébôôôô!!!!!
Les amas globulaires
Parcourir la zone du Sagittaire sans tomber sur un amas, une nébuleuse serait comme courir sous la pluie sans se mouiller: impossible et en français s'il vous plaît, ça pullulle!
Au NE du couvercle de la théière, M22 éclate dans le chercheur.
Première vue à l'oculaire 14mm, waw waw waw, clope de satisfaction!
Il me semble que sous un ciel plus Austral M22 devrait détroner M13, ze king in Hercules.
Voyons voir, j'observe en alternance les rois du couscous (facile avec un dob, décidément ça me botte le dob)
Il me semblait que M13 était plus concentré, plus petit. M22 s'étale plus avec un gradient de concentration d'étoiles. Enfin c'est l'impression que j'avais, pas eu le courage et la patience de dessiner ce foisonnement de soleils.
La plupart des autres AG (je ne les ai pas comptés) font "pale figure" à côté des deux castards mais je n'allais pas bouder mon plaisir, quoique, M4 ressemble à M13 sous le ciel de Bruxelles, vaux mieux se concentrer sur les galaxies et nébuleuses qui elles sont complètement effacées sous un ciel urbain.
Les galaxies
Moisson assez modeste, mais je m'y suis longtemps attardé.
Enfin pu voir autre chose qu'une vague tache floue en regardant M51: 2 taches floues!
Ahaaaaaa, une entourée d'un halo assez vaste et l'autre d'un plus petit.
Concentration, vision décalée, inhalation profonde...oui oui, ça vient ça vient ça vient! Ça commence à devenir magique, je "devine" une structure spiralée, un bras qui enlace la petite...
Mais c'est dur, les copains qui montaient de temps en temps sur la colline n'y voyaient pas grand chose.
Peut-être que leur vision nocturne n'était pas encore adaptée? Manque d'exercice de l'oeil? Toujours est-il que les conditions pour M51 n'étaient pas favorables vu que la Grande Ourse s'approchait de l'horizon.
M101 par exemple était très difficile à discerner.
Le couple M81/82 par contre, délectable, tout comme la voisine du Triangle M33.
La vedette? M31 bien évidemment.
Aux 10x50, puis les 20x90, finalement au télescope avec un 28mm et le 14mm.
Là encore le dob se montre avantageux par ces mouvements aisés. On a la possibilité de balayer la zone de gauche à droite, de bas en haut.
Paraît aussi que l'oeil voit mieux les objets en mouvement.
Tentative de dessin de M31, accompagnée de M32 et M110:
Fait étonnant, Charles Messier a répertorié M31 et M32, laissant de côté NGC 205.
Il avait découvert la galaxie satellite en 1773 mais ne l'a pas inventoriée. Bizarre je trouve, M110 me semblait plus évidente que M32. Ce n'est qu'en 1967 que cette galaxie a reçu le numbère M110.
Mon hypothèse: Messier était à court d'encre.
Des classiques donc, une dixaine, et n'oublions pas la notre, notre Voie lactée!
Des heures passées en position semi-couchée dans une "mini-chaise-longue", Biniou sur son trépied, moi prenant le mien.
Casque avec musique de choix aux oreilles, histoire de me dégrillonner un peu, et en route pour des bal(l)ades aux 1001 feux.
Comme dans des sondages, "quelle est votre planète préférée" je réponds la Terre au lieu des classiques Jupiter et Saturne, pour les galaxies, c'est pareil: la notre.
Les planètes
Le planétaire en début de soirée, essentiellement pour les gosses (6 à 9 ans).
Jupiter et une Lune croissante.
Ah, ils aiment bien la Lune les petits: "Ooooh, wat is dat mooooooi!"
J'aimais bien voir le cône de lumière sortir de l'oculaire et éclairer ces grandes pupilles.
Ici aussi, le dob était plus facile question hauteur. Je me rappelle la gymnastique l'année passée avec l'équatoriale et un tabouret instable. Ici les enfants regardaient simplement, les plus petits debouts, les plus grands légèrement courbés, les adultes à genoux.
J'ai été dithyrambique pour le dob à présent. OK, mais dénicher Uranus ou Neptune, ayant uniquement les coordonnées, des cartes sommaires et pas d'équatoriale, hum, pas facile.
Résultat, une des deux: Uranus.
Avec certitude après avoir comparé mes notes à la position donnée dans les magazines.
Formalhaut, je monte, je suis dans le Verseau, là, oui, c'est plus "gros" qu'une étoile, ce n'est pas une étoile...oculaire 6,5mm...c'est qui? c'est qui? Uranuuuuuuuus!
Pas vraiment spectaculaire aux yeux du non-astram je suppose, mais à mes yeux, avec mon petit télescope!
Uranus fut la première planète découverte depuis l'antiquité. Le mois de mars 1781, Herschel, en cherchant des étoiles doubles avec son "monstre" de 120cm, est tombé par hasard sur la septième planète.
Pas tout à fait par hasard en ce qui me concerne, mais je suis sûr que vous comprenez la joie qu'une soirée comme cela procure.
Alors, verte ou bleue? Héhé, je ne me mouille pas: turquoise pale.
Et Neptune? Ben non, rien, à moins que je ne sois passé dessus sans m'en apercevoir.
Les nébuleuses
Une M57, visible dans un télescope moyen sous un ciel pollué, est ici inratable au chercheur. Avec la galaxie d'Andromède elle a servi de cible "facile" pour initier les potes au pointage dobsonnien.
Fingerzinzenoze!
Déroutés au début à cause de la vue inversée, le pointage désinvolte s'est avéré un jeu d'enfant.
Décidément, le dob c'est vraiment bien, très bien même!
Entre la grande et la mini Albiréo (le museau du Dauphin), près de la Flêche se trouve le trognon de pomme: Dumbbell ou M27.
Tudjeu oui, ça c'est de la nébuleuse!
Une planétaire pour être plus précis, comme M57 de la Lyre.
Cela n'a rien à voir avec des planètes en réalité. Cette dénomination vient du fait que les instruments d'époque montraient une tache floue, avec l'apparence d'un disque, comme les planètes.
C'est autre chose qui vient nous caresser la rétine. Cette tache est l'offrande finale d'une étoile massive en fin de vie.
Expulsion de gaz et poussières qui seront source de vie...ma bouteille de survie? Ah là! Une petite pause contemplative s'impose.
Je repense à "Patience dans l'azur' de H. Reeves.
Voulant revenir plus terre à terre, j'allume la petite radio et tombe sur les nouvelles.
J'éteins.
Il y a aussi les nébuleuses qui ne sont pas des restes d'une étoile mais au contraire une pouponnière de nouveaux soleils.
La plus connue des nébuleuses à émission est sans doute la vedette de l'hiver, M42, mais sous notre ciel d'été, on peut se rincer l'oeil dans le Sagittaire, où M8 et M17 ont particulièrement retenu mon admiration.
M17, dénommée Swan Nebula chez nos amis anglo-saxons, m'évoque effectivement un cygne flottant sur l'eau.
Puis plus vers le Sud un plongeon dans la nébuleuse de la Lagune, M8.
Egalement bien visible au chercheur, comme un petit nuage de vapeur au dessus du bec verseur, cette nébuleuse est doublée d'un amas ouvert, NGC 6530.
Il ne faut pas trop grossir ici, il me manquait un intermédiaire entre le 14mm et le 28mm je trouve. Comme avec M51, je suis resté longtemps à l'observer et laisser les subtilités arriver en vision décalée.
Pas facile je trouve. Un filtre OIII ou UHC devrait faire des merveilles ici.
Mon dessin n'est qu'un pale reflet de cette magnifique nébuleuse.
Les amas ouverts
On avait une nébuleuse doublée d'un amas ouvert, passons à un amas ouvert doublé de nébulosités: les Pléiades.
C'est pour les couches-tard en cette saison, le chevrotine qui annonce l'arrivée du grand chasseur d'hiver, Orion.
J'ai eu une belle démonstration de l'efficacité de la vision décalée en regardant M45 se lever sur l'horizon.
Il y avait comme un clignotement entre les deux visions. Un petit nuage blanchâtre en décalé, quelques faibles étoiles éparses en vision directe.
Cette différence s'estompait au fur et à mesure qu'elles filaient vers le plongeon du Cygne en se préparant pour leur éclat zénital des nuits glaciales.
Tiens, the Blinking Nebula NGC 6826, dans le Cygne, une nébuleuse planétaire "clignotante" par le même phénomène? Pour une autre nuit celle-là, pas assez de repères pour l'instant.
Les Pléiades presqu'en entier au W70 14mm, j'ai remarqué que l'intérieur de l'amas me semblait d'un noir plus profond que les alentours. Effet de contraste? Effet des nébulosités? J'y reviendrai en hiver...
Voici un dessin scanné du carnet de notes (pas faire attention aux trucs en haut, ce ne sont que des taches de sales doigts, pas des nébulosités), ainsi que la version en négatif.
Les amas ouverts font vagabonder mon esprit, à la recherche d'analogies. M45 me fait penser au LEM, NGC 457 à une libellule, M52 dessiné en vitesse, me fait penser à un bouquet de fleurs blanches, avec un bouton d'or niché en son sein. Ah oui, l'imagination! Des astérismes discrets comme le chapeau de Napoléon sous Arcturus, comme le cintre où le Renard pend sa fourrure, aux amas ouverts, ces vues sont envoûtantes, on s'y brûle les ailes comme les noctuelles autour d'une flamme, on s'y consume. L'univers des astres est tellement vaste qu'on peut y voir ce qu'aucun créateur n'aurait pu imaginer.
Et ce n'est qu'un début de lever de voile qui dévoile ce qui est.
En repensant aux poussières d'étoiles, à la naissance d'atomes de plus en plus complexes, à l'organisation organique de ces derniers, à la vie qui en résulte, je ne peux que vous conseiller, chers ami(e)s astrams, d'aussi lorgner vers ce monde merveilleux de la microscopie.
Le tout petit dépasse l'immensément grand.
Voici donc pour vous mesdemoiselles, mesdames, des marguerites:
Mais je reste à nouveau collé dans Cassiopée ma parole, hop, direction Sagittaire, l'Ecu de Sobiesky...après un scotchage obligatoire chez Persée et son double amas.
Petite parenthèse. Le dob permet à merveille de balayer une zone comme je l'ai déjà dit, cependant en dessin cet exercice n'est pas aisé. On se focalise sur une région, voulant agrandir le champ, on perd vite les repères et proportions. Quand je regarde mes Pléiades par rapport aux photos, c'est déjà grave. Mon dessin du double amas de Persée alors là, ça devient méconnaissable. Personnellement j'y reconnais ma grenouille bondissante mais en toute objectivité, cela ne ressemble à rien de concret, NGC 869 étant beaucoup trop petit par rapport à la grenouille NGC 884. Aussi ce dessin restera aux oubliettes le temps d'en refaire et de comparer.
L'Ecu j'avais dit? Oui, avec pour moi la révélation de l'été: M11.
Que dire? Epoustouflant, voilà.
Au chercheur, à faible grossissement, on dirait un globulaire.
L'oeil à l'oculaire, cet amas ouvert dévoile sa richesse en V, évoquant le vol de canards sauvages comme l'a décrit William H. Smyth dans ses notes en 1844. Mon impression était plutôt celui d'un coeur brisé. Rome Antique? Moi? Meuh non! Si je pense à un coeur brisé, ce serait à cause de la perspective de devoir retourner vers le Nord, vers la grisaille orangée des cieux pollués.
Voilà que le spleen post-vacances se manifeste déjà...
En scrutant dans cette zone au hasard (oui, bien bien bien le dob, on sait) mon regard a été attiré par des étoiles formant un cercle ovalisé, plus régulier que la bague de fiancailles qui met Polaris en vedette sertie, mais avec ici un discret amas ouvert au milieu.
Quelques notes faites sur place me permettent d'identifier (et retrouver après coup) ma trouvaille. NGC 6704, dans son environnement un petit bijou joli, discret, un qu'on passerait sous la table, par surprise, pour faire plaisir à son amie.
Je ne puis qu'insister sur l'importance de prendre des notes, de dessiner pendant les observations.
A notre époque de plus en plus digitalisée, ces choses simples pourraient avoir tendance à se raréfier. J'ai fait confiance à ma mémoire, je me suis mis à l'astrophoto...non...mais c'est personnel. Le carnet de bord lui, m'accompagnera pour toutes mes nuits.
De boire et déboires
D'aucuns habitués à mes CROAs pas trop sérieux s'étonneront de voir ce récit impregné de nostalgie. Oui cher lecteurs, je rédige ce texte depuis ma table de travail à Bruxelles, avec une vue sur un ciel pluvieux même pas gris, orange qu'il est.
Un ciel si bas, si gris, qu'il faut lui pardonner...certes, d'accord pour le gris, mais orange tudjeu? Avec de la vodka parbleu!
De la fiesta quotidienne, le summum de la rigolade lors d'une escapade à la piscine municipale, où on a improvisé un concours du plongeon le plus ridicule.
Mon demi salto de travers à eu pas mal de succès mais c'est un gamin du coin qui a remporté la palme en exécutant un saut qui ferait palir d'envie les plus fous des Monty Pythons. Indescriptible. Dangereux même, surtout pour les spectateurs-nageurs n'ayant pas pied. Nager ou rire, faut choisir!
Le cocktail de l'année: on n'a pas réussi à départager si la combinaison lait-Pastis était meilleure avec du Banania ou avec du Nesquick. Faudra encore approfondir la chose.
Cependant les plans, les imprévus et tout ça...
On devait rejoindre GG dans le Vigan. GG me contacte par SMS: "pas se presser, c'est bouché." Une semaine après, j'ai un message sur ma boîte vocale: "Ne viens pas, ne prends pas le train: je suis de retour à Grenoble!".
Je ne peux m'empêcher de lui faire une blague: "Salut GG, je suis à Montpellier. Tu viens me chercher?"
Après sa surprise on s'explique et je lui propose de descendre à Forcalquier.
C'est OK, il viendra début août avec Gibé.
Je me réjoui d'avance, hélas, trois mille fois hélas, nous avons du plier bagage avant et écourter les vacances suite à des problèmes logistiques.
C'est bien de camper en pleine nature mais sans eau, ce n'est pas faisable.
Heureusement pour GG, il avait la possibilité de descendre vers Marseille et se taper des virées célestes avec Gibé.
Quant-à nous, fallait remonter vers le Nord.
Quant-à moi, j'attendais toujours une arrivée d'argent sur un compte désespérément asséché, quand on parle de déboires...
La situation devenait tendue comme un string.
Que faire? Bertje pouvait me dépanner financièrement, c'est déjà ça, mais écourter le séjour?
Tant qu'à faire, pourquoi ne pas faire un petit détour et passer par Champagne-sur-Oise, dire coucou chez Gil31 et sa charmante amie Corinne?
Bigophone..."Oui? Gildas à l'appareil"
Et bien, ça tombait bien, Gildas descendait vers le Berry, près d'Aigurande, où il aménage une vieille ferme sous un beau ciel.
On s'y retrouvera le jeudi 3 août.
Adieux à Forcalquier
Le ciel s'est couvert la dernière nuit à Forcalquier.
Tant mieux histoire de récupérer du sommeil avant le trajet d'un bon 800km.
Entre quelques averses, on range le matos, on consulte les cartes routières et vers 14 heures de l'aprèm, bye bye Forcalquier! Ce sera peut-être la dernière fois, malgré les excellentes nuitées, je pense que j'irai l'année prochaine m'enfoncer encore plus loin dans les coins où mes pieds seront seulement éclairés par l'obscure clarté qui tombe des étoiles. (troisième fois aujourd'hui, merci Corneille, merci Lin)
Départ pourtant prévu plus tôt mais c'était sans compter sur la métamorphose d'un lépidoptère.
Il lui a fallu une bonne heure à ce papillon avant de pouvoir s'envoler à la rencontre de l'âme soeur avec qui le cycle recommencera l'année où je ne serai plus là.
Les ailes encore recroquevillées, le corps gros, l'adulte tout juste sorti de sa crysalide se réfugiait d'une averse sous les chênes, comme moi.
Il s'est accroché à mon index que j'orientais au soleil, le papillon y pendait ailes vers le bas, protégé du Mistral grâce à mon imposante carrure (kof kof).
Lentement, un méchanisme de pompe dégonflait le corps pour donner du volume aux ailes.
Ce déploiement est une phase dangereuse dans la vie d'un papillon: incapable de voler car ses ailes ne sont pas encore durcies, il ferait un mets de choix pour n'importe quel passereau de passage, pourvu qu'il ait l'oeil perçant, car posé sur l'écorce plein de lichens d'un chêne, le papillon est admirablement bien camouflé.
Hein quoi? Ah oui! Je digresse, mais pendant cette "naissance" mes pensées rejoignaient le cycle des étoiles, l'émerveillement devant le monde qui nous entoure..."Mille bornes!"
"Oui Bertje, on embarque! Et puis c'est pas mille bornes et puis que sont ces soixantes minutes de retard et puis ci et puis ça grmmmmblll ggrrmbll allez en route vers de nouvelles aventures!"
Le Berry
Heureux de nos retrouvailles après le concert fistons Zappa à Bruxelles, on se tape un remontant, on fait connaissance avec Alcor, Mizar, Mina, Trompette, les chats et Lolly, la chienne.
Les tentes provisoirement posées dans la grange (futur salle de séjour) le sommeil nous joue une berceuse.
Le lendemain, visite des lieux. Pas mal de boulot en perspective, que l'on faisait les aprèms dans la bonne humeur. Bertje était le Rital. Moi le Roumain et Gildas le chef. On a déplacé des amas de pierres, de sable, fauché une quantité de ronces et orties, le tout avec vue sur la tonnelle, sous laquelle tronait le Kepler 300/1500 tuné de Gildas.
Les nuitées CP furent écourtées par les nuages et la Lune de plus en plus envahissante. Qu'à cela ne tienne: la tête bino Denkmeilleure, le 300, le spectacle cache-cache Lune nuages, quel show!
Le ciel est bon là-bas, mieux qu'à Forcalquier à ce que j'ai pu voir. Un faible halo de PL vers le Nord, sinon nickel.
Malgré les conditions météo empirantes, j'ai pu voir les Dentelles du Cygne dans le 200. La vue à travers le 300 avec un filtre OIII ou UHC, quelle révélation! Encore plus magique que ma découverte de M11.
Rien que cette vue valait le déplacement et les amas déplacés.
Une autre découverte pour moi avec les filtres: le trognon de pomme devient une pomme entière.
Puis fallait se résigner, Lune et nuages, nuages et Lune...On est partis à la chasse aux doubles, on a eu une soirée d'initiation pour des copains à Gildas et Corinne. Du bon temps.
Mais entre-temps toujours rien sur mon compte en banque, des nouvelles pas claires de Belgique pour savoir si je devais remonter pour ma fille ou pas...je ne savais plus sur quel pied danser.
Gildas a décidé à ma place: "Remonte avec Corinne, elle te déposera près de Paris".
Bertje, étant encore libre, avait le loisir de remonter quand il voulait, avec le matos.
Retour au bercail
Bertje m'a encore prêté 50 €, suffisant pensait-on pour rejoindre Bruxelles depuis Paris.
Que nenni! Je me suis retrouvé Paris Gare du Nord avec quelques euros trop peu pour le billet.
Faire la manche? Sortir la traversière dans l'espoir de récolter quelques sousous?
Hum, Je ne connais pas le quartier et méfiant de nature, fallait trouver une autre solution.
Je marque en crayon gras "BXL" et "Lille" en grand dans mon carnet de notes (toujours avoir un carnet de notes!) et essaye de faire du stop.
Marche pas. Du moins pas depuis l'endroit où je me trouvais.
Internetcafé, voir pour des tickets TGV last minute. Il y en a!
Marche pas. Fallait une carte Visa.
J'ai pris avec les derniers deniers un ticket vers Lille, on verra là-bas. Une heure d'attente, la nuit nuagée arrive.
Puis, on ne sait jamais, je prends mon téléphone portable et en fin de batterie j'ai enfin un sauveur à l'écouteur: Newton.
Il habite dans la région du Hainaut et a eu la gentillesse de venir me chercher à la gare de Lille et me déposer à Leuze, avec de quoi m'offrir un billet pour le dernier train vers Bruxelles, m'acheter du tabac et aussi, une bonne petite bière Belge!
Merci à tous les gens qui ont rendu ces vacances possible, Bertje, la bande de Forcalquier, Gildas et Corinne, Laurent (Newton), et bises à GG et Gibus, ce sera pour une autre fois!
Merci à vous qui avez eu la patience de lire mon CROA jusqu'au bout.
Bon cieux à toutetous.
Patte.
PS: il y aura p'tèt bien encore quelques photos qui vont suivre, ainsi qu'une relecture histoire de gommer des fautes d'orthographe, mais là j'ai trop la flemme...
Voici, si vous le voulez bien, la narration d'une belle moisson céleste.
En route
Entre ce qui est prévu et ce qui se passe, on note souvent - si ce n'est tout-le-temps - une différence notoire. Les aléas, l'inattendu, les maléfices Murphyesques, vous connaissez. Même l'électron baigne dans un nuage d'incertitude.
Dans ces cas, faut faire preuve d'une capacité d'improvisation et avoir la chance de pouvoir compter sur des amis, comme vous le verrez par la suite.
Sans eux, mes vacances astro ne m'auraient pas laissé l'excellent souvenir que j'en ai maintenant.
Première étape: Forcalquier.
Contrairement à l'année passée, les nuits sont plus courtes because fin juillet au lieu d'août mais j'ai un bon Newton dans les bagages: VDT, Victor-Doubinou-Teuillô, un SW 200/1000 monté en dob (j'apprécie cette monture). Biniou (TS 20x90) est de la partie ainsi que Biminiou (Meade 10x50).
Bertje au volant d'une voiture remplie comme la feuille d'impots d'un citoyen honnête, nous voilà partis vers la Haute-Provence.
Voyage depuis Bruxelles sans encombres, accompagné à l'aurore par un croissant sélène et quelques nuages épars, d'un rose évanescant qui présage une belle journée.
Passé Avignon, un seul gros nuage garnissait le ciel, idéalement placé pour masquer le Soleil bas sur l'horizon, évitant ainsi l'aveuglement que connaissent les voyageurs vers le levant.
Forcalquier
Le ciel etait totalement dégagé à l'arrivée, météo beau fixe, alerte canicule même. Installation des tentes (pour Bertje, pour moi et une sur la colline pour le matos) , collimation à l'oeilleton.
Puis "mise en station" des cercles gradués du dob à l'aide d'un niveau à bulle, de quelques cales, du programme Planetarium du Palm, de la position du soleil et l'ombre d'un bâton droit. La précision m'assurerait la localisation palmée des objets, si ce n'est dans l'oculaire, au moins dans le champ du chercheur.
C'était sans compter sur un imprévu , le début de la série.
Au premier changement de piles à l'aide d'un condensateur externe, ça a foiré et tous les programmes de la mémoire vive se sont fait la malle.
Pas d'aide au pointage palmé donc. Heureusement j'avais apporté les cartes m6.5 de Taki ainsi que l'excellente lecture, agrémentée de quelques cartes précises, bouquin de Sue French: Celestial Sampler.
Grand temps de se remplir l'estomac, apéro Pastis, saucisson, pain, frometon, vin, melon puis une bonne sieste préparatrice.
Les nuitées
Mon objectif N°1 cette année était l'exploration de la zone Scorpion, Sagittaire, Verseau et Capricorne que j'ai ratée l'année passée, étant resté scotché à la partie Nord de la Voie lactée et la partie bar de la tonnelle commune (voir CROA concours Mars 2005).
Autre objectif: m'essayer en dessin CP.
J'ai du mal à juger du résultat sur écran: le mien est fort foncé, faudra donc éventuellement régler le contraste et la luminosité de votre moniteur pour en sortir quelque chose.
J'ai scanné des dessins et je les poste en négatif, espérant être plus fidèle à la vue à l'oculaire qu'à mon ex-femme.
Il va de soi que je n'allais pas bouder Persée, Cassiopée et mes belles connues, pouvant enfin les apprécier sous un bon ciel avec un télescope au diamètre plus conséquent et surtout de meilleure qualité optique que le 150/1400 tube court.
Comme il est agréable pouvoir observer en T-Shirt! Un vent doux apporte des volutes de senteurs de thym, de genévrier. Les cygales dorment sur les chênes blancs mais les grillons et sauterelles ont repris le chant de cette généreuse nature.
Les pauses à contempler à l'oeil nu, à l'affut aussi des bruits d'animaux de nuit, furent agrémentées d'une petite clope et d'une gorgée à ma bouteille de survie, remplie d'avance d'eau de source avec une bonne lampée de Pastis.
Etre assis par terre comme ça, terre encore chaude de la journée, tellement chaude que la grande casserole vient vite s'y poser, quelle volupté!
Vous allez me dire que la chaleur résiduelle engendre des turbulences.
Oui, c'est vrai, mais comme je restais à des grossissements raisonnables, le plus souvent avec un Antares W70 de 14mm, cela n'était pas préjudiciable.
Grossissement 71x, champ de presque 1°, c'était parfait.
Il y avait un problème plus grave et qui risque d'empirer dans les années à venir: un halo de pollution lumineuse vers le Sud, due à une ville de Forcalquier de plus en plus touristique. Elle est située à 3-4 km à vol d'hibou. C'est proche, cela bride mes désirs de théière.
Tintin donc pour une vingtaine de degrés au dessus de l'horizon Sud.
Impossible de voir M54, 69 et 70 dans le bas du Sagittaire, niente pour l'Hélix, pas de fantôme de Saturne...
Mais en levant les yeux, que du bonheur de voir ce qui m'est caché durant l'année! Ouh kzébôôôô!!!!!
Les amas globulaires
Parcourir la zone du Sagittaire sans tomber sur un amas, une nébuleuse serait comme courir sous la pluie sans se mouiller: impossible et en français s'il vous plaît, ça pullulle!
Au NE du couvercle de la théière, M22 éclate dans le chercheur.
Première vue à l'oculaire 14mm, waw waw waw, clope de satisfaction!
Il me semble que sous un ciel plus Austral M22 devrait détroner M13, ze king in Hercules.
Voyons voir, j'observe en alternance les rois du couscous (facile avec un dob, décidément ça me botte le dob)
Il me semblait que M13 était plus concentré, plus petit. M22 s'étale plus avec un gradient de concentration d'étoiles. Enfin c'est l'impression que j'avais, pas eu le courage et la patience de dessiner ce foisonnement de soleils.
La plupart des autres AG (je ne les ai pas comptés) font "pale figure" à côté des deux castards mais je n'allais pas bouder mon plaisir, quoique, M4 ressemble à M13 sous le ciel de Bruxelles, vaux mieux se concentrer sur les galaxies et nébuleuses qui elles sont complètement effacées sous un ciel urbain.
Les galaxies
Moisson assez modeste, mais je m'y suis longtemps attardé.
Enfin pu voir autre chose qu'une vague tache floue en regardant M51: 2 taches floues!
Ahaaaaaa, une entourée d'un halo assez vaste et l'autre d'un plus petit.
Concentration, vision décalée, inhalation profonde...oui oui, ça vient ça vient ça vient! Ça commence à devenir magique, je "devine" une structure spiralée, un bras qui enlace la petite...
Mais c'est dur, les copains qui montaient de temps en temps sur la colline n'y voyaient pas grand chose.
Peut-être que leur vision nocturne n'était pas encore adaptée? Manque d'exercice de l'oeil? Toujours est-il que les conditions pour M51 n'étaient pas favorables vu que la Grande Ourse s'approchait de l'horizon.
M101 par exemple était très difficile à discerner.
Le couple M81/82 par contre, délectable, tout comme la voisine du Triangle M33.
La vedette? M31 bien évidemment.
Aux 10x50, puis les 20x90, finalement au télescope avec un 28mm et le 14mm.
Là encore le dob se montre avantageux par ces mouvements aisés. On a la possibilité de balayer la zone de gauche à droite, de bas en haut.
Paraît aussi que l'oeil voit mieux les objets en mouvement.
Tentative de dessin de M31, accompagnée de M32 et M110:
Fait étonnant, Charles Messier a répertorié M31 et M32, laissant de côté NGC 205.
Il avait découvert la galaxie satellite en 1773 mais ne l'a pas inventoriée. Bizarre je trouve, M110 me semblait plus évidente que M32. Ce n'est qu'en 1967 que cette galaxie a reçu le numbère M110.
Mon hypothèse: Messier était à court d'encre.
Des classiques donc, une dixaine, et n'oublions pas la notre, notre Voie lactée!
Des heures passées en position semi-couchée dans une "mini-chaise-longue", Biniou sur son trépied, moi prenant le mien.
Casque avec musique de choix aux oreilles, histoire de me dégrillonner un peu, et en route pour des bal(l)ades aux 1001 feux.
Comme dans des sondages, "quelle est votre planète préférée" je réponds la Terre au lieu des classiques Jupiter et Saturne, pour les galaxies, c'est pareil: la notre.
Les planètes
Le planétaire en début de soirée, essentiellement pour les gosses (6 à 9 ans).
Jupiter et une Lune croissante.
Ah, ils aiment bien la Lune les petits: "Ooooh, wat is dat mooooooi!"
J'aimais bien voir le cône de lumière sortir de l'oculaire et éclairer ces grandes pupilles.
Ici aussi, le dob était plus facile question hauteur. Je me rappelle la gymnastique l'année passée avec l'équatoriale et un tabouret instable. Ici les enfants regardaient simplement, les plus petits debouts, les plus grands légèrement courbés, les adultes à genoux.
J'ai été dithyrambique pour le dob à présent. OK, mais dénicher Uranus ou Neptune, ayant uniquement les coordonnées, des cartes sommaires et pas d'équatoriale, hum, pas facile.
Résultat, une des deux: Uranus.
Avec certitude après avoir comparé mes notes à la position donnée dans les magazines.
Formalhaut, je monte, je suis dans le Verseau, là, oui, c'est plus "gros" qu'une étoile, ce n'est pas une étoile...oculaire 6,5mm...c'est qui? c'est qui? Uranuuuuuuuus!
Pas vraiment spectaculaire aux yeux du non-astram je suppose, mais à mes yeux, avec mon petit télescope!
Uranus fut la première planète découverte depuis l'antiquité. Le mois de mars 1781, Herschel, en cherchant des étoiles doubles avec son "monstre" de 120cm, est tombé par hasard sur la septième planète.
Pas tout à fait par hasard en ce qui me concerne, mais je suis sûr que vous comprenez la joie qu'une soirée comme cela procure.
Alors, verte ou bleue? Héhé, je ne me mouille pas: turquoise pale.
Et Neptune? Ben non, rien, à moins que je ne sois passé dessus sans m'en apercevoir.
Les nébuleuses
Une M57, visible dans un télescope moyen sous un ciel pollué, est ici inratable au chercheur. Avec la galaxie d'Andromède elle a servi de cible "facile" pour initier les potes au pointage dobsonnien.
Fingerzinzenoze!
Déroutés au début à cause de la vue inversée, le pointage désinvolte s'est avéré un jeu d'enfant.
Décidément, le dob c'est vraiment bien, très bien même!
Entre la grande et la mini Albiréo (le museau du Dauphin), près de la Flêche se trouve le trognon de pomme: Dumbbell ou M27.
Tudjeu oui, ça c'est de la nébuleuse!
Une planétaire pour être plus précis, comme M57 de la Lyre.
Cela n'a rien à voir avec des planètes en réalité. Cette dénomination vient du fait que les instruments d'époque montraient une tache floue, avec l'apparence d'un disque, comme les planètes.
C'est autre chose qui vient nous caresser la rétine. Cette tache est l'offrande finale d'une étoile massive en fin de vie.
Expulsion de gaz et poussières qui seront source de vie...ma bouteille de survie? Ah là! Une petite pause contemplative s'impose.
Je repense à "Patience dans l'azur' de H. Reeves.
Voulant revenir plus terre à terre, j'allume la petite radio et tombe sur les nouvelles.
J'éteins.
Il y a aussi les nébuleuses qui ne sont pas des restes d'une étoile mais au contraire une pouponnière de nouveaux soleils.
La plus connue des nébuleuses à émission est sans doute la vedette de l'hiver, M42, mais sous notre ciel d'été, on peut se rincer l'oeil dans le Sagittaire, où M8 et M17 ont particulièrement retenu mon admiration.
M17, dénommée Swan Nebula chez nos amis anglo-saxons, m'évoque effectivement un cygne flottant sur l'eau.
Puis plus vers le Sud un plongeon dans la nébuleuse de la Lagune, M8.
Egalement bien visible au chercheur, comme un petit nuage de vapeur au dessus du bec verseur, cette nébuleuse est doublée d'un amas ouvert, NGC 6530.
Il ne faut pas trop grossir ici, il me manquait un intermédiaire entre le 14mm et le 28mm je trouve. Comme avec M51, je suis resté longtemps à l'observer et laisser les subtilités arriver en vision décalée.
Pas facile je trouve. Un filtre OIII ou UHC devrait faire des merveilles ici.
Mon dessin n'est qu'un pale reflet de cette magnifique nébuleuse.
Les amas ouverts
On avait une nébuleuse doublée d'un amas ouvert, passons à un amas ouvert doublé de nébulosités: les Pléiades.
C'est pour les couches-tard en cette saison, le chevrotine qui annonce l'arrivée du grand chasseur d'hiver, Orion.
J'ai eu une belle démonstration de l'efficacité de la vision décalée en regardant M45 se lever sur l'horizon.
Il y avait comme un clignotement entre les deux visions. Un petit nuage blanchâtre en décalé, quelques faibles étoiles éparses en vision directe.
Cette différence s'estompait au fur et à mesure qu'elles filaient vers le plongeon du Cygne en se préparant pour leur éclat zénital des nuits glaciales.
Tiens, the Blinking Nebula NGC 6826, dans le Cygne, une nébuleuse planétaire "clignotante" par le même phénomène? Pour une autre nuit celle-là, pas assez de repères pour l'instant.
Les Pléiades presqu'en entier au W70 14mm, j'ai remarqué que l'intérieur de l'amas me semblait d'un noir plus profond que les alentours. Effet de contraste? Effet des nébulosités? J'y reviendrai en hiver...
Voici un dessin scanné du carnet de notes (pas faire attention aux trucs en haut, ce ne sont que des taches de sales doigts, pas des nébulosités), ainsi que la version en négatif.
Les amas ouverts font vagabonder mon esprit, à la recherche d'analogies. M45 me fait penser au LEM, NGC 457 à une libellule, M52 dessiné en vitesse, me fait penser à un bouquet de fleurs blanches, avec un bouton d'or niché en son sein. Ah oui, l'imagination! Des astérismes discrets comme le chapeau de Napoléon sous Arcturus, comme le cintre où le Renard pend sa fourrure, aux amas ouverts, ces vues sont envoûtantes, on s'y brûle les ailes comme les noctuelles autour d'une flamme, on s'y consume. L'univers des astres est tellement vaste qu'on peut y voir ce qu'aucun créateur n'aurait pu imaginer.
Et ce n'est qu'un début de lever de voile qui dévoile ce qui est.
En repensant aux poussières d'étoiles, à la naissance d'atomes de plus en plus complexes, à l'organisation organique de ces derniers, à la vie qui en résulte, je ne peux que vous conseiller, chers ami(e)s astrams, d'aussi lorgner vers ce monde merveilleux de la microscopie.
Le tout petit dépasse l'immensément grand.
Voici donc pour vous mesdemoiselles, mesdames, des marguerites:
Mais je reste à nouveau collé dans Cassiopée ma parole, hop, direction Sagittaire, l'Ecu de Sobiesky...après un scotchage obligatoire chez Persée et son double amas.
Petite parenthèse. Le dob permet à merveille de balayer une zone comme je l'ai déjà dit, cependant en dessin cet exercice n'est pas aisé. On se focalise sur une région, voulant agrandir le champ, on perd vite les repères et proportions. Quand je regarde mes Pléiades par rapport aux photos, c'est déjà grave. Mon dessin du double amas de Persée alors là, ça devient méconnaissable. Personnellement j'y reconnais ma grenouille bondissante mais en toute objectivité, cela ne ressemble à rien de concret, NGC 869 étant beaucoup trop petit par rapport à la grenouille NGC 884. Aussi ce dessin restera aux oubliettes le temps d'en refaire et de comparer.
L'Ecu j'avais dit? Oui, avec pour moi la révélation de l'été: M11.
Que dire? Epoustouflant, voilà.
Au chercheur, à faible grossissement, on dirait un globulaire.
L'oeil à l'oculaire, cet amas ouvert dévoile sa richesse en V, évoquant le vol de canards sauvages comme l'a décrit William H. Smyth dans ses notes en 1844. Mon impression était plutôt celui d'un coeur brisé. Rome Antique? Moi? Meuh non! Si je pense à un coeur brisé, ce serait à cause de la perspective de devoir retourner vers le Nord, vers la grisaille orangée des cieux pollués.
Voilà que le spleen post-vacances se manifeste déjà...
En scrutant dans cette zone au hasard (oui, bien bien bien le dob, on sait) mon regard a été attiré par des étoiles formant un cercle ovalisé, plus régulier que la bague de fiancailles qui met Polaris en vedette sertie, mais avec ici un discret amas ouvert au milieu.
Quelques notes faites sur place me permettent d'identifier (et retrouver après coup) ma trouvaille. NGC 6704, dans son environnement un petit bijou joli, discret, un qu'on passerait sous la table, par surprise, pour faire plaisir à son amie.
Je ne puis qu'insister sur l'importance de prendre des notes, de dessiner pendant les observations.
A notre époque de plus en plus digitalisée, ces choses simples pourraient avoir tendance à se raréfier. J'ai fait confiance à ma mémoire, je me suis mis à l'astrophoto...non...mais c'est personnel. Le carnet de bord lui, m'accompagnera pour toutes mes nuits.
De boire et déboires
D'aucuns habitués à mes CROAs pas trop sérieux s'étonneront de voir ce récit impregné de nostalgie. Oui cher lecteurs, je rédige ce texte depuis ma table de travail à Bruxelles, avec une vue sur un ciel pluvieux même pas gris, orange qu'il est.
Un ciel si bas, si gris, qu'il faut lui pardonner...certes, d'accord pour le gris, mais orange tudjeu? Avec de la vodka parbleu!
De la fiesta quotidienne, le summum de la rigolade lors d'une escapade à la piscine municipale, où on a improvisé un concours du plongeon le plus ridicule.
Mon demi salto de travers à eu pas mal de succès mais c'est un gamin du coin qui a remporté la palme en exécutant un saut qui ferait palir d'envie les plus fous des Monty Pythons. Indescriptible. Dangereux même, surtout pour les spectateurs-nageurs n'ayant pas pied. Nager ou rire, faut choisir!
Le cocktail de l'année: on n'a pas réussi à départager si la combinaison lait-Pastis était meilleure avec du Banania ou avec du Nesquick. Faudra encore approfondir la chose.
Cependant les plans, les imprévus et tout ça...
On devait rejoindre GG dans le Vigan. GG me contacte par SMS: "pas se presser, c'est bouché." Une semaine après, j'ai un message sur ma boîte vocale: "Ne viens pas, ne prends pas le train: je suis de retour à Grenoble!".
Je ne peux m'empêcher de lui faire une blague: "Salut GG, je suis à Montpellier. Tu viens me chercher?"
Après sa surprise on s'explique et je lui propose de descendre à Forcalquier.
C'est OK, il viendra début août avec Gibé.
Je me réjoui d'avance, hélas, trois mille fois hélas, nous avons du plier bagage avant et écourter les vacances suite à des problèmes logistiques.
C'est bien de camper en pleine nature mais sans eau, ce n'est pas faisable.
Heureusement pour GG, il avait la possibilité de descendre vers Marseille et se taper des virées célestes avec Gibé.
Quant-à nous, fallait remonter vers le Nord.
Quant-à moi, j'attendais toujours une arrivée d'argent sur un compte désespérément asséché, quand on parle de déboires...
La situation devenait tendue comme un string.
Que faire? Bertje pouvait me dépanner financièrement, c'est déjà ça, mais écourter le séjour?
Tant qu'à faire, pourquoi ne pas faire un petit détour et passer par Champagne-sur-Oise, dire coucou chez Gil31 et sa charmante amie Corinne?
Bigophone..."Oui? Gildas à l'appareil"
Et bien, ça tombait bien, Gildas descendait vers le Berry, près d'Aigurande, où il aménage une vieille ferme sous un beau ciel.
On s'y retrouvera le jeudi 3 août.
Adieux à Forcalquier
Le ciel s'est couvert la dernière nuit à Forcalquier.
Tant mieux histoire de récupérer du sommeil avant le trajet d'un bon 800km.
Entre quelques averses, on range le matos, on consulte les cartes routières et vers 14 heures de l'aprèm, bye bye Forcalquier! Ce sera peut-être la dernière fois, malgré les excellentes nuitées, je pense que j'irai l'année prochaine m'enfoncer encore plus loin dans les coins où mes pieds seront seulement éclairés par l'obscure clarté qui tombe des étoiles. (troisième fois aujourd'hui, merci Corneille, merci Lin)
Départ pourtant prévu plus tôt mais c'était sans compter sur la métamorphose d'un lépidoptère.
Il lui a fallu une bonne heure à ce papillon avant de pouvoir s'envoler à la rencontre de l'âme soeur avec qui le cycle recommencera l'année où je ne serai plus là.
Les ailes encore recroquevillées, le corps gros, l'adulte tout juste sorti de sa crysalide se réfugiait d'une averse sous les chênes, comme moi.
Il s'est accroché à mon index que j'orientais au soleil, le papillon y pendait ailes vers le bas, protégé du Mistral grâce à mon imposante carrure (kof kof).
Lentement, un méchanisme de pompe dégonflait le corps pour donner du volume aux ailes.
Ce déploiement est une phase dangereuse dans la vie d'un papillon: incapable de voler car ses ailes ne sont pas encore durcies, il ferait un mets de choix pour n'importe quel passereau de passage, pourvu qu'il ait l'oeil perçant, car posé sur l'écorce plein de lichens d'un chêne, le papillon est admirablement bien camouflé.
Hein quoi? Ah oui! Je digresse, mais pendant cette "naissance" mes pensées rejoignaient le cycle des étoiles, l'émerveillement devant le monde qui nous entoure..."Mille bornes!"
"Oui Bertje, on embarque! Et puis c'est pas mille bornes et puis que sont ces soixantes minutes de retard et puis ci et puis ça grmmmmblll ggrrmbll allez en route vers de nouvelles aventures!"
Le Berry
Heureux de nos retrouvailles après le concert fistons Zappa à Bruxelles, on se tape un remontant, on fait connaissance avec Alcor, Mizar, Mina, Trompette, les chats et Lolly, la chienne.
Les tentes provisoirement posées dans la grange (futur salle de séjour) le sommeil nous joue une berceuse.
Le lendemain, visite des lieux. Pas mal de boulot en perspective, que l'on faisait les aprèms dans la bonne humeur. Bertje était le Rital. Moi le Roumain et Gildas le chef. On a déplacé des amas de pierres, de sable, fauché une quantité de ronces et orties, le tout avec vue sur la tonnelle, sous laquelle tronait le Kepler 300/1500 tuné de Gildas.
Les nuitées CP furent écourtées par les nuages et la Lune de plus en plus envahissante. Qu'à cela ne tienne: la tête bino Denkmeilleure, le 300, le spectacle cache-cache Lune nuages, quel show!
Le ciel est bon là-bas, mieux qu'à Forcalquier à ce que j'ai pu voir. Un faible halo de PL vers le Nord, sinon nickel.
Malgré les conditions météo empirantes, j'ai pu voir les Dentelles du Cygne dans le 200. La vue à travers le 300 avec un filtre OIII ou UHC, quelle révélation! Encore plus magique que ma découverte de M11.
Rien que cette vue valait le déplacement et les amas déplacés.
Une autre découverte pour moi avec les filtres: le trognon de pomme devient une pomme entière.
Puis fallait se résigner, Lune et nuages, nuages et Lune...On est partis à la chasse aux doubles, on a eu une soirée d'initiation pour des copains à Gildas et Corinne. Du bon temps.
Mais entre-temps toujours rien sur mon compte en banque, des nouvelles pas claires de Belgique pour savoir si je devais remonter pour ma fille ou pas...je ne savais plus sur quel pied danser.
Gildas a décidé à ma place: "Remonte avec Corinne, elle te déposera près de Paris".
Bertje, étant encore libre, avait le loisir de remonter quand il voulait, avec le matos.
Retour au bercail
Bertje m'a encore prêté 50 €, suffisant pensait-on pour rejoindre Bruxelles depuis Paris.
Que nenni! Je me suis retrouvé Paris Gare du Nord avec quelques euros trop peu pour le billet.
Faire la manche? Sortir la traversière dans l'espoir de récolter quelques sousous?
Hum, Je ne connais pas le quartier et méfiant de nature, fallait trouver une autre solution.
Je marque en crayon gras "BXL" et "Lille" en grand dans mon carnet de notes (toujours avoir un carnet de notes!) et essaye de faire du stop.
Marche pas. Du moins pas depuis l'endroit où je me trouvais.
Internetcafé, voir pour des tickets TGV last minute. Il y en a!
Marche pas. Fallait une carte Visa.
J'ai pris avec les derniers deniers un ticket vers Lille, on verra là-bas. Une heure d'attente, la nuit nuagée arrive.
Puis, on ne sait jamais, je prends mon téléphone portable et en fin de batterie j'ai enfin un sauveur à l'écouteur: Newton.
Il habite dans la région du Hainaut et a eu la gentillesse de venir me chercher à la gare de Lille et me déposer à Leuze, avec de quoi m'offrir un billet pour le dernier train vers Bruxelles, m'acheter du tabac et aussi, une bonne petite bière Belge!
Merci à tous les gens qui ont rendu ces vacances possible, Bertje, la bande de Forcalquier, Gildas et Corinne, Laurent (Newton), et bises à GG et Gibus, ce sera pour une autre fois!
Merci à vous qui avez eu la patience de lire mon CROA jusqu'au bout.
Bon cieux à toutetous.
Patte.
PS: il y aura p'tèt bien encore quelques photos qui vont suivre, ainsi qu'une relecture histoire de gommer des fautes d'orthographe, mais là j'ai trop la flemme...