30-Croa(ssants)
Chers tous,
le Nord a bénéficié d'une belle météo le weekend passé, ça a fait du bien, voici l'histoire...
Rien d'étonnant qu'après cette soirée entre potes, ma cervelle était embrumée au lever ce vendredi.
Le premier réflexe aspro a été balayé par un spectacle en harmonie avec les vapeurs éthyliques résiduelles:
Oui oui il s'impose cet anticyclone tant attendu! Pour sûr, le bleu azur va dominer en journée et les nuits seront comme on les adore.
J'affiche un sourire béat malgré mon mal au crâne, donne une double ration de ronron miammiam au chat, fredonne "tiens voilà du boudin" en me préparant le café...je suis de bonne bonne bonne, bonne humeur ce matin!
Ce WE de coucous familiaux à la Mer du Nord sera également une escapade astronomique.
Pas beaucoup d'hésitations pour me décider quel matériel emporter: ce sera le dob 200/1000, mon fidèle Octave.
Coincé entre mes pieds dans un train archi bondé, le dob suscite la curiosité et une conversation astro s'engage avec les bonhommes aux cheveux blancs assis en face de moi.
L'un me disait qu'il y a bien des années, la nuit dans son patelin près de la mer était noire, vraiment noire. Une seule lumière luisait au loin, au large: le phare...
Mer d'alors...éternels regrets.
Ils connaissent bien mon endroit d'observation côtier favori et pour cause: à une centaine de mètres de là ils cultivent un lopin de terre. C'est encore le coin le plus calme, le plus sombre.
Je m'y retrouve la nuit venue. Pas un cri, pas un bruit, si ce n'est le son du vent dans les champs.
Quelle chance d'avoir mangé de la choucroute et non du cassoulet en soirée, cela m'aurait mis mal à l'aise.
Les conditions d'observation ne sont pas idéales, l'humidité est envahissante, l'herbe est détrempée et mes orteils en éventail de même par solidarité.
(Va falloir que j'envisage la possibilité de songer à peser l'idée de penser à ressortir mes chaussures du placard)
Une brêve visite au cigare et son rond de fumée (M82/81) et j'ai "débriefé" des cibles de la soirée: pas de galaxies, moi qui voulais débusquer IC10, ce sera pour une autre fois.
Quand même fait une visite de courtoisie chez notre voisine d'Andromède...
L'amas globulaire à une jetée d'Enif, M15, ressemblait à une assiette de couscous pour anorexiste...allora? Andiamo per gli amassi aperti!
Cassiopée au zénith, avec une quinzaine d'amas ouverts, il y a de quoi passer une nuitée.
M52 reste un de mes préférés, avec son bouton d'or dans un champ de marguerites, toujours le même émerveillement avec NGC 457.
Phi Cassiopeia, l'œil jaune-or de la libellule, serait un astre 200000 fois plus brillant que notre soleil. Ayant quitté la séquence principale, on a encore un candidat pour une supernova.
En regardant d'où semble voler la libellule, on tombe sur un petit amas ouvert, NGC 436. Faudra que j'y retourne dans de meilleures conditions...
Si M103 figure honorablement dans le catalogue Messier, c'est un peu injuste pour un amas très voisin: NGC 663.
Je le trouve plus riche, plus "dessin-génique" que son compère.
Faites-vous plaisir en allant le rendre visite! Un grossissement de 100x sera parfait.
Après cette randonnée autour de la reine dite vaniteuse, une descente au paradis du visuel: le double amas de Persée.
Inlassable, une vedette incontournable, LE truc à montrer aux curieux...
NGC 869 me fait penser à une grenouille, vue de face, la gueule grande ouverte, les pattes écartées, prête à bondir. Les étoiles les plus brillantes forment les yeux, avec une arcade au dessus de "celui à gauche".
J'adore!
Et puis les Pléiades, il me semble impossible de passer une nuitée sans les admirer quand elles sont dans le ciel.
Oculaire avec le plus de champ possible, un 28mm au coulant 50.8, elles y sont toutes.
Parfaite collimation, mise au point soignée, le petit triangle d'étoiles contrastées niché au cœur apparaît comme des têtes d'épingles.
C'est superbe, mais il manque quelque chose: les nébulosités.
Sûr? Héhéhé...j'ai un truc!
Faire "rhâââââââ (lovely)" sur l'oculaire, comme quand on nettoie ses lunettes. Les 7 sœurs s'enrobent alors de nébulosités rendant la vue plus belle que n'importe quelle photo.
A essayer les amis, vous m'en direz des nouvelles!
Vers les 3-4 du matin, retour à la casa chez ma mère, laissant une victime sur les lieux.
Une pauvre limace a eu la mauvaise idée de se loger entre sandale et pied...
(l'idée des chaussures commence à devenir moins saugrenue)
Sieste réparatrice avant une journée ensoleillée, avec scrutage des piafs, visite aux galeries, zieutage de la gent féminine et sieste préparatrice pour la deuxième nuitée.
Sur la plage pour commencer, trop la flemme pour aller dans les champs.
J'installe Octave sur un brise-larmes, un ciel Nord étoilé comme panorama, flanqué de vagues au bruit apaisant, je soupire de bonheur et me félicite encore une fois de n'avoir pas mangé de cassoulpif.
(ça aurait brisé le charme)
Une "découverte" notée: Stephenson 1 dans la Lyre.
Le couple bien contrasté, delta1/2 (type spectral B et M) forme un triangle isocèle avec une étoile blanche un peu plus faible.
Au milieu se trouve un triangle inversé et un chapelet prolonge la médiane, formant ainsi une flèche ou alors un poisson 100.000 Volts, vous voyez?
Astérisme ou amas? Aucune idée, déjà que j'ai lu que delta1/2 serait peut-être une double optique...
Vers les deux-trois heures, je retourne à casa mais avec le dob non démonté: je l'installe sur le balcon côté Est pour le rendez-vous planétaire du petit matin. Recollimation et vérification sur le trapèze de M42, juste sorti derrière les bâtiments d'en face...c'est aux petits oignons!
Un bonne soupe de la même sorte et hop dodo jusqu'à 5 heures.
Réveil sous un ciel devenu brumeux. Le clocher d'église situé à un bon kilomètre est fantômatique sur l'horizon, mais le croissant Lunaire est bien là!
Pas de lumière cendrée dans ces conditions, Saturne se distingue à peine sans jumelles, mais Vénus vingtdiou, quel éclat!
J'alterne jumelles et télescope. Vénus forme un croissant presque aussi fin que la Lune, je retiens un cri d'admiration: à l'oculaire je vois un halo autour de la planète. Même couleurs qu'un (simple) halo lunaire, jamais je n'avais vu cela. Scotché mais pas trop: l'impatience de revoir Saturne...
Hummmm, comme elle est mag(nif)ique, pamoison.
Depuis mes dernières observations (printemps) les anneaux se montrent nettement plus de profil. Question turbulence c'était bon, mais je ne distinguais pas la division de Cassini. Pas l'ombre de l'ombre du globe sur ses anneaux...juste cette boule encerclée, inlassable.
J'en oublie l'occultation de Régulus, honte sur moi! Que mes descendants soient stériles jusqu'à la septième génération!
De Saturne à Vénus (avec un petit plongeon dans la Mer des Humeurs accompagnée de Gassendi et je ne sais plus qui) et vide ce verre sale...
Le temps fuit, la nuit meurt, le jour naît.
Saturne n'est même plus visible au chercheur, mais je sais où elle est par rapport à la Lune et Vénus. Je la suivais à l'oculaire quand un avion est passé dans la ligne de visée.
Les trainées de condensation, rendues orange par le soleil levant, flanquaient l'annelée. Lentement elles se dissipaient, en même temps que Saturne se noyait dans la clarté grandissante.
J'avais déjà eu ma portion de croissants et c'est sur cette image que j'ai rejoint les bras de Morphée.
Patte.
PS: faut être astram pour déguster des croissants avant d'aller dormir.
le Nord a bénéficié d'une belle météo le weekend passé, ça a fait du bien, voici l'histoire...
Rien d'étonnant qu'après cette soirée entre potes, ma cervelle était embrumée au lever ce vendredi.
Le premier réflexe aspro a été balayé par un spectacle en harmonie avec les vapeurs éthyliques résiduelles:
Oui oui il s'impose cet anticyclone tant attendu! Pour sûr, le bleu azur va dominer en journée et les nuits seront comme on les adore.
J'affiche un sourire béat malgré mon mal au crâne, donne une double ration de ronron miammiam au chat, fredonne "tiens voilà du boudin" en me préparant le café...je suis de bonne bonne bonne, bonne humeur ce matin!
Ce WE de coucous familiaux à la Mer du Nord sera également une escapade astronomique.
Pas beaucoup d'hésitations pour me décider quel matériel emporter: ce sera le dob 200/1000, mon fidèle Octave.
Coincé entre mes pieds dans un train archi bondé, le dob suscite la curiosité et une conversation astro s'engage avec les bonhommes aux cheveux blancs assis en face de moi.
L'un me disait qu'il y a bien des années, la nuit dans son patelin près de la mer était noire, vraiment noire. Une seule lumière luisait au loin, au large: le phare...
Mer d'alors...éternels regrets.
Ils connaissent bien mon endroit d'observation côtier favori et pour cause: à une centaine de mètres de là ils cultivent un lopin de terre. C'est encore le coin le plus calme, le plus sombre.
Je m'y retrouve la nuit venue. Pas un cri, pas un bruit, si ce n'est le son du vent dans les champs.
Quelle chance d'avoir mangé de la choucroute et non du cassoulet en soirée, cela m'aurait mis mal à l'aise.
Les conditions d'observation ne sont pas idéales, l'humidité est envahissante, l'herbe est détrempée et mes orteils en éventail de même par solidarité.
(Va falloir que j'envisage la possibilité de songer à peser l'idée de penser à ressortir mes chaussures du placard)
Une brêve visite au cigare et son rond de fumée (M82/81) et j'ai "débriefé" des cibles de la soirée: pas de galaxies, moi qui voulais débusquer IC10, ce sera pour une autre fois.
Quand même fait une visite de courtoisie chez notre voisine d'Andromède...
L'amas globulaire à une jetée d'Enif, M15, ressemblait à une assiette de couscous pour anorexiste...allora? Andiamo per gli amassi aperti!
Cassiopée au zénith, avec une quinzaine d'amas ouverts, il y a de quoi passer une nuitée.
M52 reste un de mes préférés, avec son bouton d'or dans un champ de marguerites, toujours le même émerveillement avec NGC 457.
Phi Cassiopeia, l'œil jaune-or de la libellule, serait un astre 200000 fois plus brillant que notre soleil. Ayant quitté la séquence principale, on a encore un candidat pour une supernova.
En regardant d'où semble voler la libellule, on tombe sur un petit amas ouvert, NGC 436. Faudra que j'y retourne dans de meilleures conditions...
Si M103 figure honorablement dans le catalogue Messier, c'est un peu injuste pour un amas très voisin: NGC 663.
Je le trouve plus riche, plus "dessin-génique" que son compère.
Faites-vous plaisir en allant le rendre visite! Un grossissement de 100x sera parfait.
Après cette randonnée autour de la reine dite vaniteuse, une descente au paradis du visuel: le double amas de Persée.
Inlassable, une vedette incontournable, LE truc à montrer aux curieux...
NGC 869 me fait penser à une grenouille, vue de face, la gueule grande ouverte, les pattes écartées, prête à bondir. Les étoiles les plus brillantes forment les yeux, avec une arcade au dessus de "celui à gauche".
J'adore!
Et puis les Pléiades, il me semble impossible de passer une nuitée sans les admirer quand elles sont dans le ciel.
Oculaire avec le plus de champ possible, un 28mm au coulant 50.8, elles y sont toutes.
Parfaite collimation, mise au point soignée, le petit triangle d'étoiles contrastées niché au cœur apparaît comme des têtes d'épingles.
C'est superbe, mais il manque quelque chose: les nébulosités.
Sûr? Héhéhé...j'ai un truc!
Faire "rhâââââââ (lovely)" sur l'oculaire, comme quand on nettoie ses lunettes. Les 7 sœurs s'enrobent alors de nébulosités rendant la vue plus belle que n'importe quelle photo.
A essayer les amis, vous m'en direz des nouvelles!
Vers les 3-4 du matin, retour à la casa chez ma mère, laissant une victime sur les lieux.
Une pauvre limace a eu la mauvaise idée de se loger entre sandale et pied...
(l'idée des chaussures commence à devenir moins saugrenue)
Sieste réparatrice avant une journée ensoleillée, avec scrutage des piafs, visite aux galeries, zieutage de la gent féminine et sieste préparatrice pour la deuxième nuitée.
Sur la plage pour commencer, trop la flemme pour aller dans les champs.
J'installe Octave sur un brise-larmes, un ciel Nord étoilé comme panorama, flanqué de vagues au bruit apaisant, je soupire de bonheur et me félicite encore une fois de n'avoir pas mangé de cassoulpif.
(ça aurait brisé le charme)
Une "découverte" notée: Stephenson 1 dans la Lyre.
Le couple bien contrasté, delta1/2 (type spectral B et M) forme un triangle isocèle avec une étoile blanche un peu plus faible.
Au milieu se trouve un triangle inversé et un chapelet prolonge la médiane, formant ainsi une flèche ou alors un poisson 100.000 Volts, vous voyez?
Astérisme ou amas? Aucune idée, déjà que j'ai lu que delta1/2 serait peut-être une double optique...
Vers les deux-trois heures, je retourne à casa mais avec le dob non démonté: je l'installe sur le balcon côté Est pour le rendez-vous planétaire du petit matin. Recollimation et vérification sur le trapèze de M42, juste sorti derrière les bâtiments d'en face...c'est aux petits oignons!
Un bonne soupe de la même sorte et hop dodo jusqu'à 5 heures.
Réveil sous un ciel devenu brumeux. Le clocher d'église situé à un bon kilomètre est fantômatique sur l'horizon, mais le croissant Lunaire est bien là!
Pas de lumière cendrée dans ces conditions, Saturne se distingue à peine sans jumelles, mais Vénus vingtdiou, quel éclat!
J'alterne jumelles et télescope. Vénus forme un croissant presque aussi fin que la Lune, je retiens un cri d'admiration: à l'oculaire je vois un halo autour de la planète. Même couleurs qu'un (simple) halo lunaire, jamais je n'avais vu cela. Scotché mais pas trop: l'impatience de revoir Saturne...
Hummmm, comme elle est mag(nif)ique, pamoison.
Depuis mes dernières observations (printemps) les anneaux se montrent nettement plus de profil. Question turbulence c'était bon, mais je ne distinguais pas la division de Cassini. Pas l'ombre de l'ombre du globe sur ses anneaux...juste cette boule encerclée, inlassable.
J'en oublie l'occultation de Régulus, honte sur moi! Que mes descendants soient stériles jusqu'à la septième génération!
De Saturne à Vénus (avec un petit plongeon dans la Mer des Humeurs accompagnée de Gassendi et je ne sais plus qui) et vide ce verre sale...
Le temps fuit, la nuit meurt, le jour naît.
Saturne n'est même plus visible au chercheur, mais je sais où elle est par rapport à la Lune et Vénus. Je la suivais à l'oculaire quand un avion est passé dans la ligne de visée.
Les trainées de condensation, rendues orange par le soleil levant, flanquaient l'annelée. Lentement elles se dissipaient, en même temps que Saturne se noyait dans la clarté grandissante.
J'avais déjà eu ma portion de croissants et c'est sur cette image que j'ai rejoint les bras de Morphée.
Patte.
PS: faut être astram pour déguster des croissants avant d'aller dormir.