Low budget, que faire?

13/03/2006

Bonjournuitée,

suite à des questions récurrentes: "quel premier télescope à moindre prix" je voudrais vous faire part de mes expériences et d'un rapport sur le vif.
En effet, à l'heure où j'écris ces lignes mon premier télescope, un Seben Big Boss, et le nouveau, un SW 200/1000, sont côte à côte pour un comparatif sans pitié ni complaisance.

Mon premier instrument, acheté il y a un plus d'un an, est une Seben Big Boss.
Pourquoi ce télescope?
Voulant faire de l'astro, ne connaissant pas WA, j'ai demandé conseil à un ancien possesseur d'un télescope que j'ai vu en vente occase sur eBay; Je ne me rappelle plus de quel télescope il s'agit.
Le bonhomme a dit qu'un scope du même modèle lui avait procuré pas mal de plaisir mais selon lui la meilleur des choses à faire c'est de s'inscrire dans un club et par de là se faire une idée plus précise.
Dont acte, cependant 4 mois après mon inscription je n'avais toujours pas pu faire la moindre observation.
Des raisons murphyesques en étaient la cause.
Alors par une nuit arrosée d'Irish Coffee j'ai cliqué sur "confirmer votre commande".
Peu de temps après, "Igor", le Seben Big Boss, est arrivé.
Un Newton 150/1400 à tube court par Barlow intégrée, 169 €.
Beaucoup de plaisir, beaucoup de soucis aussi.

Un an plus tard, sur la terrasse, Igor se trouve à côté de mon nouveau tuyau, Victor.
Victor est un SW 200/1000 que j'ai reçu à prix d'amie tube seul.
Je lui ai construit une base Dobson.
Disons grosso modo que le prix total n'est pas des masses plus élevé que pour Igor, mettons aux alentours de 200 € plus quelques heures de bricolage.

C'est presque la pleine Lune, il fait très glagla, je me limite ce soir à la Lune, Saturne et M44, Jupiter, des doubles et puis on verra.
Pour les innombrables autres beautés je fais confiance à ma mémoire pour le SBB et le souvenir encore intense de ce que j'ai pu voir avec le SW.

M42 par exemple, nébuleuse vue, revue et admirée des heures durant avec le SBB, m'est pour la première fois apparue parée d'un voile diaphane vert au SW.
Une nuance verte, et bien oui, un vert tirant vers le turquoise à mon oeil scrutateur.
Sous le ciel de Bruxelles, pas évident et ce n'est pas une hallucination due à l'excitation du nouvel instrument, non non, enfin je l'ai vue cette nuance dont j'avais entendu parler!
Premier point à souligner ici est la différence de diamètre: 150mm le SBB, 200 le SW.

Est-ce tellement énorme comme différence?
Oui!
Un instrument d'observation astronomique augmente notre acuïté visuelle.
Le nombre de photons qui atteignent notre rétine détermine la luminosité. Ce nombre est restreint par la surface de la pupille. L'oeil s'adapte suivant la luminosité, par grand soleil, la pupille se diaphragme, se ferme et ne laisse pas passer beaucoup de lumière.
La nuit elle se dilate, la superficie augmente et plus de photons ont la possibilité d'arriver sur la rétine.
Mais comme il fait noir, on ne voit toujours pas grand-chose et certainement pas les couleurs, la nuit tous les chats sont gris!
D'où l'intéret de l'instrument astronomique: un entonnoir à lumière. Il concentre les sources lumineuses et les envoit vers notre rétine.
La capacité de capter les photons est proportionelle à la surface du capteur (miroir ou objectif) et donc au carré du diamètre.
Prenons 5mm pour la pupille. Nous avons une multiplication de la clarté de 150²/5² pour le SBB contre 200²/5² pour le SW, cad plus de 50% de luminosité en plus pour un 200mm par rapport à un 150mm.

Ces valeurs théoriques doivent être revues à la baisse because des contraintes de construction du télescope. Ainsi cette clarté supplémentaire potentielle est diminuée par tous les éléments qui se mettent dans le chemin de la lumière.
Dans le cas d'un télescope Newton par exemple, le miroir secondaire se trouve en plein milieu et donne une obstruction que les réfracteurs n'ont pas, l'épaisseur des pattes de l'araignée (le dispositif qui maintient le miroir secondaire) a également un rôle non négligeable.

Ici bas vous voyez la vue frontale du SBB et du SW.
Rien que pour les pattes, la superficie d'obstruction du SBB est nettement supérieur qu'avec le SW.



Tout ceci a une influence sur le contraste des images obtenues par le télescope.
Mais le facteur déterminant reste la qualité optique et le parfait alignement des éléments.
Si la division de Cassini se distingue aisément dans le SW, il faut des nuits extrèmement claires et stables pour la distinguer avec le SBB, on verra le pourquoi dans les choses "sérieuses".

En vitesse, avant de passer aux choses sérieuses, on remarque le porte oculaire 50,8 (adaptable 31,75 évidemment) du SW, le chercheur 9x50. Si le PO du SBB est de bonne facture, le chercheur par contre pêche par son manque de luminosité et un système d'alignement pas pratique.
Pour une idée des proportions, la molette de mise au point est du même diamètre SBB et SW, les photos sont trompeuses...
La monture SBB se défend, la monture ou plutôt base Dobson du SW... ah j'aime....
On n'est jamais aussi bien servi par soi-même? Self-service alors, fabrication maison donc.

Les choses sérieuses maintenant!

s'avez vu la différence de taille?
Pourtant le plus petit SBB est d'une plus grande focale que le SW.

Mesures de la longueur physique du tube: SBB 54 cm; SW 94 cm.
Pourtant la focale annoncée est de 1400 pour le SBB et 1000 pour le SW.
Explications pour le SW: le tuyau est un peu plus court que la focale parce qu'il faut également compter la distance miroir secondaire-oculaire pour calculer la focale totale. Ainsi on a effectivement 1000mm pour le SW.
Qu'en est-il avec le SBB? On annonce 1400 et le tuyau dépasse à peine le demi-mètre?
Et bien il fait bien 1400mm grâce (ou à cause) d'une lentille Barlow intégrée.
Une lentille Barlow est un multiplicateur de focale.
Rajouté à un instrument de focale courte, elle permet "d'allonger" cette focale et par conséquent le grossissement. Un accessoire très utile, surtout pour des tuyaux assez "ouverts": focale courte, diamètre important.

C'est bien là le BIG problème du Big Boss: parfait question encombrement, la formule optique miroir primaire-secondaire-barlow intégrée obligatoire-oculaire pose de sérieux problèmes!
La collimation consiste à bien ajuster, aligner les éléments du parcours des photons.
Au plus le tube est court, au plus les défauts d'alignements se font ressentir.
Donc l'équivalent d'une optique de 1400mm doit être réglée sur seulement une 60'taine de mm!

Je viens de passer une demi-heure dans le froid, essayer d'améliorer la netteté des images.
Il m'était impossible de distinguer la division de Cassini ce soir avec le SBB, tandis que avec le SW no probs.
Ce n'est donc pas un problème de mauvaise visibilité, de turbulence...mais un problème de l'instrument lui-même.
Normalement un 150mm de diamètre devrait résoudre ou du moins esquisser la division si en parallèle un 200mm la montre clairement sur le contour.
Et bien j'ai abandonné bécause glagla! Chipoter avec un tournevis par du moins 6 dans le vent, quand juste à côté, un instrument attend tes caresses de mains gantées pour t'offrir la beauté sine qua non...
Le temps de ressentir de la chaleur au bout des doigts et je continue la collim, car je suis curieux de passer vers la double-double de la Lyre.
Voilà, je suis remis en température et Véga ne va pas tarder à franchir les 45° au dessus de l'horizon.

A plus tard....

Houplaglagla.

Peaufinage de la collim du SBB, résoudre la double-double de la Lyre, je n'y suis parvenu parfaitement qu'une seule fois avec le SBB (par hasard en plus, ahum, c'est ici), retentative après des chouias de tournicoti par là et tornicota par ci sur la Polaire. La tronche d'Airy a des allures post-carnaval, pas moyen de faire mieux.

Un coucou plein d'émotions à Albiréo, une des plus belles doubles de notre ciel, avant de passer à la fameuse quadruple.
Yes, quelle bonne surprise! Le SBB parvient à montrer la formation mais cela reste cacahuéteux.
Un examen plus attentif, un peu plus de concentration, régler la mise au point au dixième de l'épaisseur de mon dernier billet de cinq euro et oui, ça se distingue.
Bien, mais fallait s'accrocher! Je n'ai pas chronométré mais passer une demi-heure trois quart d'heures dans le froid à essayer de rester zen pour collimater un Newton à Barlow intégrée, je suis fier de moi!

D'autant plus que juste après, je m'assied près du SW, coup d'oeil au chercheur, voilàààà, bingo: pas de cacahuetes: quatre points, point à la ligne!

Passage Jupiter, bien bien avec SBB, mieux mieux avec SW. Dans la logique.

Un mot sur les montures utilisées.
Le SBB a sa monture d'origine. Je dirai une EQ 2. Selon le fabriquant une 3-2 je ne sais plus.
En tout cas elle inspire confiance et se montre robuste par rapport aux montures équivalentes que j'ai pu secouer chez N&D.
Et là, je suis encore plus fier que tout-à-l'heure en vous annonçant que ma base Dobson fabrication at home s'avère plus stable, plus agréable à utiliser. Le pied!

a +, l'histoire n'est pas encore finie!

Alors ces conclusions, ça vient?
Ouaip, plus tard...sommeil à récupérer...

Recoucou me revoilou!

Bon, imaginons une personne qui souhaite faire de l'astronomie en amateur.
Pas énormément de pognon à consacrer, elle cherche sur gogol et tombe sur des annonces alléchantes eBay.
Les hésitations et l'état dubitatif prolongé sont balayés à coup d'Irish Coffee, l'alcool effaçant l'inhibition devant cette commande.

Le tube arrivé, les premiers essais sont décevants, ça n'a rien à voir avec les photos dans les magazines, cette personne range le télescope au placard ou le revend.
Et bien bravo, 169 € ça va encore, elle aurait pu claquer nettement plus de pognon pour un objet qui ne lui servira de toute façon pas, on en parle plus. Eventuellement ça fera une bonne occase pour une personne plus motivée, et qui sait à quoi s'attendre question vue au télescope.

La voila justement, heureuse avec un Seben Big Boss, étonnée de voir la Lune d'aussi près et de découvrir que les anneaux de Saturne ne sont pas une fable, quoique, les anneaux? Un anneau seulement, ils exagèrent toujours!
Forte de ces émotions, une nouvelle passion naît en elle et la mène automatiquement sur WebAstro.

Là les choses vont se compliquer.

Cas #1, Patrice.

Notre ami Patrice constate avec amertume sur WA que Saturne, même au 130/900, montre clairement ce qu'ils appellent la division de Cassini. Ils n'ont pas exagéré donc????
Il regrette son achat, peste sur lui-même, jure de ne plus jamais boire de l'Irish Coffee, range le télescope au placard et changera de forum: il y a une promo microscope chez Lidl...tiens, en revendant le télescope?
La nouvelle passion s'est éteinte comme un feu de paille.
On en parle plus.

Cas #2, Patricia.

Elle est née sous une bonne étoile Patricia:
ses poupées Barbie étaient plus belles que celle de ses copines, son livre de poésie mieux illustré, ses soutiens Wonderbraaaaahlovely toujours parfaitement ajustés et maintenant son SBB qui donne une très belle image!
Contente notre amie, en regardant à travers des télescopes nettement plus onéreux elle constate que la différence ne justifie pas le prix.
Elle a fait le bon choix, mais ce n'est pas une passion dévorante qui va la faire rêver d'astres.
Petit-à-petit elle se désintéressera, surtout que l'hiver est là et qu'elle a flashé sur une descente de lit parfaitement en harmonie avec sa nouvelle lingerie...tiens, en revendant le télescope, les soutiens chantelle...
Exit la belle, direction forum "amour, gloire et beauté"
On en parle plus.


Cas #3, Patrizio.

Jamais satisfait Patrizio: "C'est quoi cet Airy défiguré???!! Tudjeu rien à voir avec ce que j'ai vu dans le 200/1000 du copain! Zut zut et rezut, j'aurais du m'en douter! Espérer une qualité top pour peu d'argent...comme si je croyais encore au père noêl!"
Mauvais choix le pauvre. Surtout qu'il a claqué pour plus de 100 € au ciné, resto et bistrot pendant les deux mois qui ont suivi l'arrivée du SBB. Les nuages n'avaient même pas permis de faire la moindre observation!
Et maintenant il y a des 150/750 sur une bonne monture pour 250 €.
Et bien Patrizio s'en mord encore les doigts maintenant: le temps de revendre le SBB et d'épargner quelques roros supplémentaires, la promo sera probablement finie.
On en reparlera.

Cas #4, Patrick.

C'est mon cas, vous connaissez.
Faut donc être un peu fou pour s'amuser avec le SBB, pour en tirer du potentiel.
Ceci dit je suis aussi peut-être né sous une bonne étoile et ai eu de la chance avec mon SBB (je me rappelle que mon GI Joe était plus beau que ceux de mes copains.)
Je ne regrette pas mon parcours mais je ne puis le conseiller à d'autres, les cas 1 2 3 me semblent plus probables.

Donc chers amis, vous qui avez la chance de consulter WebAstro avant votre premier achat, épargner plutôt que de risquer un mauvais achat.

Entre 169 et 250 roros il n'y a pas de quoi fouetter un chat, surtout que l'astro est une affaire de passion et patience.
Un certain temps d'épargne et vous y êtes: une valeur sûre, pas de déboires, un bon achat.
Et entre-temps observer à l'oeil nu, c'est par là qu'il faut commencer de toute façon.
Des jumelles sont impérativement à rajouter au panier, des promos à 20 roros sont prévues bientôt!

A+

Petite suite tant que j'y suis.

La nuit passée passée en compagnie de Victor et Vasimir ressemble aussi à un "comparatif".

Je ne vais pas comparer les prouesses optiques respectives: un ETX70 n'est pas un SW 200/1000, rien à voir...sauf le prix, encore ici à quelques roros d'épargne près!

Voici, en image, ma conclusion:



 

 


Patte.



05/08/2007
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